Né aux Gonaïves, Yvens Rumbold est titulaire d’une maitrise en communication de l’Université d’État du Michigan et d’une licence en communication sociale à l’Université d’État d’Haïti. Il a plusieurs domaines d’expertise dont la communication interne, externe et digitale; la recherche en sciences humaines et sociales, la collecte de fonds et la gestion de programmes médiatiques et éducatifs.
Jeune journaliste, il a été rédacteur en chef d’un programme d’informations humanitaires pour le réseau Internews de 2010 à 2012 après le séïsme catastrophique qui a frappé Haïti. Yvens a également travaillé avec le réseau Internews en Haïti en tant qu’associé de programme au Canaan Community Journalism Project. Au milieu de ses expériences, Yvens a décidé de passer du journalisme à la communication pour les organisations non gouvernementales afin de continuer à éduquer, à aider et à informer dans une perspective différente. À ce titre, il travaille pour la Fondation Connaissance et Liberté (FOKAL).
L’entrevue a été éditée et condensée pour une meilleure compréhension.
Parlez-nous de votre expérience avec le journal Le Lambi du Collège Immaculée Conception ?
J’avais l’habitude d’écrire dans le journal du Collège avant d’être nommé directeur de la publication. J’écrivais des poèmes et des textes de réfléxions sur la ville des Gonaïves. Quand je suis nommé directeur de la publication, mon ami Manahan Constant était le rédacteur en chef. Lui et moi avons eu une très bonne collaboration. En tant que directeur de la publication, je devais m’assurer de rendre public le contenu du journal, faire sa promotion et surtout m’assurer qu’il soit publié. De plus j’épaulais les rédacteurs en chef dans les rencontres de corrections de la rédaction. Ce fut une très belle expérience. Parfois, l’on pense que c’était juste un journal de jeunes, mais il y avait beaucoup de travail professionnel sous-jacent. Et c’est à partir de là que j’ai appris à cultiver mon leadership.
D’après vous quelle est l’importance d’un magazine interscolaire aux Gonaïves ?
Considérant mon expérience au Lambi et dans l’association Cercle des finissants, j’estime qu’un magazine Interscolaire est une éxcéllente initiative! Cela permettra à des jeunes aspirants journalistes communicateurs, poètes, écrivains, enfin toutes celles et tous ceux que les métiers de la communication peuvent intéresser, de faire leurs premiers armes. J’ai eu ma première expérience d’une salle de rédaction au Collège Immaculé Conception au Lambi où je ne recevais pas un centime, et puis trois ans plus tard, je me suis retrouvé à diriger une salle de journalistes à Pétion-Ville (Enfòmasyon nou dwe konnen), avec un salaire très confortable. La deuxième raison est que le magazine peut promouvoir les amitiés, la collaboration, le vivre ensemble. Et on a la possibilité de toucher avec les histoires et les oeuvres qu’on publie des centaines de jeunes de toutes les écoles, les Collèges et Lycées de la ville. Chacun voudra savoir ce qu’on dit de son école. Cela renforce l’appartenance, mais aussi, les collaborations entre les différentes structures pour produire le magazine qui vont durer pour la vie.
Que diriez-vous en guise de conseil pour faire la promotion de la lecture en s’adressant à nos lecteurs ?
Il ne faut jamais cesser de lire. Jamais! Car plus on lit, mieux on écrit, mieux on parle. Quelque soit votre profession, vous finirez par avoir besoin de votre compétence de lecteur et de rédacteur. Pas plus tard que la semaine dernière, un ami me disait qu’on lui a donné un contrat de consultant pour réécrire un rapport qu’un ingénieur devait fournir. On a retiré du montant de l’ingénieur pour payer mon ami qui savait bien écrire et qui aimait autant lire. On peut penser qu’un ingénieur n’a rien à faire avec les lettres, mais au niveau administratif, son expérience de lecteur lui sera certainement utile. Lisez tout ce que vous trouverez: lisez en Créole, en Français, en Anglais, en Espagnol. Non seulement, la lecture aiguise notre compétence de rédacteur (pour trouver les bons mots, les bonnes phrases, les bonnes tounures et dans toutes les langues), mais aussi elle nous rend plus créatif. Soit elle nous fait voyager, si on lit des romans, soit elle aiguise notre esprit critique si on lit des essais, des autobiographies, soit elle nourrit notre curiosité, si on lit des articles de journaux. Dans tous les cas, il y a un bénéfice. Pendant que vous êtes encore jeunes, lisez ! Vous verrez, dans 5-10 ans vous ne le regretterez pas. Je peux parier dessus! Alors lisez, les amis! Lisez! Si vous n’êtes pas habitués, commencez avec une page d’un bon roman. Un Jacques Roumain, un Lyonel Trouillot, un Yanick Lahens ou encore un Amin Maalouf. Et vous verrez,comme on dit “L’appétit vient effectivement en mangeant ».
